Drame invisible

Drame invisible

 

 

Je l’ai trouvée là, assise par terre dans le vent et le froid, recroquevillée sur elle-même. Mais que faisait-elle là toute seule ?

Je m’approchai…

Elle paraissait si petite, si fragile. Son petit corps de fillette semblait meurtri. Pourtant, aucun signe de maltraitance, aucun signe de faiblesse…

- As-tu froid ?,  demandai-je.

Un « NON ! » brutal et agressif retentit dans mes oreilles.

- As-tu faim ? Le même  « NON ! » me parvint.

J’étais presque apeurée par cette voix d’enfant aussi catégorique que ferme. Cependant, j’estimai qu’il était de mon devoir de comprendre et d’aider cette enfant. Aussi, je continuai à m’approcher doucement, le plus doucement possible en évitant le moindre bruit, le moindre petit craquement sous mes pieds.

Quand je fus assez proche pour la toucher, je m’arrêtai d’abord pour l’observer. Elle ne grelottait pas malgré le vent glacial qui soufflait là. Je ne voyais d’elle que ses petites mains potelées crispées autour de ses genoux et de belles boucles blondes sur sa tête d’enfant. Cette image, qui aurait pu simplement être celle d’une petite fille triste blottie dans un coin le temps d’un chagrin d’enfant, m’apparut comme un drame. L’enfant ne pleurait pas. Elle était immobile. Mais une douleur indescriptible émanait d’elle. Je voulais l’aider.

Je tentai de la toucher, de la prendre dans mes bras pour apaiser sa souffrance… mais sa réaction fut sans appel : une force inouïe me repoussa en arrière et me fit trébucher ! C’est alors que j’aperçus son visage : des yeux bleus profonds lançant un regard noir, foudroyant au milieu d’une figure ronde et douce qui aurait pu être celle d’un ange si la tension et la douleur ne l’avaient pas habitée. Je reculai de deux pas en arrière, pétrifiée. Devant moi se tenait une toute petite fille à la frimousse ronde dont le regard était insoutenable tant il était autoritaire et déterminé.

 

Que faire ?

Je ne pouvais pas la laisser seule ! Je me résolus donc à rester, j’engageais ma conscience à la protéger…

C’est alors que je m’aperçus que nous n’étions pas seules. Le monde grouillait tout autour, les gens passaient et ne portaient même pas un regard sur le petit être en détresse que je venais de rencontrer. Chacun vaquait à ses occupations, indifférent au drame qui se jouait là. Une barrière invisible nous dissimulait au monde. La solitude de cette enfant était-elle telle qu’elle l’apportait partout avec elle ? Peu importe ! Elle ne serait plus seule, je gagnerais sa confiance et je la protégerais tant que je serais là !

Combien de temps allions nous rester dans ce coin de mur ? Quel mal invisible dévorait cette enfant ? Impossible de le savoir. La seule certitude était que je resterais, autant de temps qu’il faudrait, que cette fillette devait trouver une personne capable de la protéger sans la juger. Elle attendait certainement celui qui veillerait sur elle sans exigences, sans questionnement inutiles. J’étais là. Cette personne, c’étais moi, je le savais. Pourquoi ? Je ne pourrais le dire, mais la certitude était là.

Je resterais donc à ses côtés.

 

 

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